Equipe

Dr. Manéli Farhamand

J’analyse les interactions croissantes entre spiritualités alternatives ou holistiques et pratiques basées sur le mouvement corporel. Ma recherche porte plus particulièrement sur les perceptions de la part sensitive et du corps dans les milieux de danses ou mouvements alternatifs en Suisse.

Ces milieux appellent à un retour au corps, aux sens et à leur conscience. Certaines tendances combinent mouvement et références spirituelles et/ou de développement personnel, tels que le Open Floor Movement, Dance Gathering, Ecstatic Dance, Dance Therapy et 5Rhythms.

Mon hypothèse est la suivante :

De manière parallèle à la sécularisation, on observe aujourd’hui en Suisse une forte montée d’un vaste milieu holistique avec une significative tendance contre-culturelle, dédié à la redécouverte du corps et d’expériences sensorielles à travers le mouvement. Ces expériences sont porteuses de significations sociales.

Partant de ce point, je m’intéresse notamment à leur rapport aux normes sociales. Les questions guidant ma recherche sont :

  • Comment et pourquoi des personnes rejoignent aujourd’hui le milieu de la « body awareness » (conscience corporelle)?
  • De quelles manières les dynamiques de corporéités véhiculent un sens spirituel ?
  • De quelle manière se performent les subjectivités autour du genre ?
  • Est-on face à des nouvelles politiques du corps ?
  • Quelles sont les relations du body awareness milieu avec les instituées (danses, religions, etc.)?

J’envisage le corps comme un « lieu privilégié de formation du social », un média ou un dispositif de médiation qui produit des sociabilités, des relations et des positionnements de différents ordres (Mottier et Cohen, 2016).

Afin de répondre à ces questions, l’idée est de réaliser une recherche collaborative (Foley et Valenzuela, 2005) à une échelle locale, en collaboration avec des danseur-se-s, et en sélectionnant diverses pratiques. La connaissance se construit dans la relation comme le dit l’anthropologue A. Monsutti (2007). La recherche collaborative implique de donner la parole aux actrices et acteurs sociaux (Guilbert 2007), de développer une intimité et des relations de confiance. Le savoir est ainsi co-construit, les entretiens relus, les articles co-signés.

Références citées

Cohen, Anouk, Mottier Damien. 2016. “Pour une anthropologie des matérialités religieuses”, Archives de sciences sociales des religions, 174, pp. 349-268.

Foley, Douglas, Valenzuela Angela. 2005. “Critical Ethnography: The Politics of Collaboration. In : Denzin K. Norman, Lincoln S. Yvonna, eds. Handbook of Qualitative Research. Pp. 217-234. Thousand Oaks CA: Sage Publications.

Guilbert, Lucille. 2007. « Ethnologie collaborative : Élaboration et analyse d’espaces de médiation en contexte de migration ». Recherches Qualitatives, 4, Pp. 14-36. Actes du colloque « Approches qualitatives et recherche interculturelle : bien comprendre pour mieux intervenir ».

Monsutti, Alessandro. 2007. « Le baiser de l’ethnographe : entre don de soi et usage de l’autre sur le terrain. In : Chappaz-Wirthner Suzanne, Entre ordre et subversion : Logiques plurielles, alternatives, écarts, paradoxes, Pp. 23-35. Paris : Karthala.

maneli.farahmand@unifr.ch

Maxime Papaux

J’étudie les relations entre son, musique et religiosité dans la spiritualité dite New Age et Post New Age. Ma recherche porte sur la « musique holistique »: terme générique que j’utilise pour étudier aussi bien la New Age Music comme genre musical que les pratiques rituelles mobilisant le son à des fins spirituelles et thérapeutiques au sein de la nébuleuse mystique-ésotérique (ex: studios et centres de bien-être).

Une attention particulière est portée aux pratiques et croyances relatives à l’influence du son, des vibrations et des fréquences sur le corps et l’esprit humain. 

Mon analyse repose sur le croisement d’observations participantes et d’entretiens qualitatifs avec un corpus de sources écrites et sonores (tant matérielles que digitales). Entre discours et pratiques, il s’agira de saisir la musique holistique tant à travers sa pensée et son histoire qu’à travers l’expérience vécue et ressentie de ses acteur-trice-s. Le phénomène pourra alors être situé à un niveau plus général dans le contexte de la nouvelle religiosité expressive et individualisée où le corps et les sens sont les véhicules par excellence de l’expérience personnelle jugée garante d’authenticité

Cette recherche a été initié par l’apparente résurgence des musiques ambiantes et new age depuis le milieu des années 2010 – notamment à travers les plateformes de streaming ainsi que l’émergence de label spécialisés dans la distribution et réédition d’artistes anciens et récents labellisés « New age ». L’impact de la pandémie de Covid-19 sur nos modes d’écoute (fermeture des clubs, confinement et anxiété) donna quant à elle lieu à une notable effervescence des musiques méditatives.

Les questions de recherche guidant mon travail sont les suivantes:

  • Quelle est l’origine et l’évolution de la New Age Music?
  • Quels sont les pouvoirs attribués au son sur les corps, l’esprit et l’âme dans le milieu des spiritualités et médecines alternatives?
  • Quelle est l’expérience vécue, ressentie et recherchée à travers l’écoute de musiques holistiques? 
  • En quoi consistent les pratiques rituelles mobilisant le son dans le milieu holistique local?
  • Comment la musique est-elle produite, diffusée, reçue et consommée?

maxime.papaux@unifr.ch

Prof. Dr. Oliver Krüger

Mon étude PowerPoint Religion analyse la transition médiatique dans les services religieux chrétiens marquée notamment par: le passage des recueils de chants physiquement imprimés à la projection de leur contenu sur écran. Au cours des dix dernières années, le PowerPoint est devenu le moyen de communication privilégié des cultes de diverses communautés en Suisse. Le PowerPoint est utilisé non seulement pour guider le chant (style karaoké), mais aussi pour accueillir les visiteurs, donner des instructions et fournir des informations visuelles pendant la prière.

Cette transition médiatique libère les mains des fidèles et leur confère une plus grande possibilité d’expression physique: ils peuvent lever les bras, applaudir, toucher leurs pairs, danser – tout en gardant conjointement leur attention sur le choeur/la scène. Alors que la Réforme du XVIe siècle cherchait à discipliner les croyants en les faisant s’asseoir sur des bancs, cette technologie du Beamer est aujourd’hui utilisée pour attiser la ferveur pendant le culte et encourager l’interaction corporelle. Nous pouvons même supposer que des changements dans les relations entre les genres peuvent être observés dans une « communauté en mouvement ».

oliver.krueger@unifr.ch